Le voyage de Valentin

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Le voyage de Valentin

30/5/2016

CodesignCurator

DipCo

De la Malaisie, et par Skype, Valentin Boré, l’un des premiers codesigners français, résident de Codesign-it!, tient à nous faire partager son expérience.

Val

Son parcours semble non-linéaire, chaotique : étudiant en géologie, il se rend compte que cette spécialité, dans un cadre universitaire, n’est pas faite pour lui et que lui n’est pas fait pour être dans un cadre. Il bifurque assez rapidement, a priori sans regrets, vers l’animation et le développement en multimédia. Après 5 années dans ce domaine, il devient l’un des premiers membres du réseau ASE (Accelerated Solutions Environment) de Capgemini en tant que « Knowledge Worker. »La discipline, nouvelle en France, lui permet de partir d’une page blanche pour construire le périmètre de ses fonctions et les outils et techniques associées.Cela tombe bien, Valentin souffre d’une allergie aux choses déjà vues et développe de fait un goût prononcé ce qui est étrange, nouveau.Et si quelques années plus tard Valentin prend un congé sabbatique de plusieurs années où il se met à développer ses propres applications, il continue néanmoins à exercer son activité de codesigner en toute autonomie.Le codesign a été un monde nouveau pour Valentin. Il dit lui-même ne pas avoir été « préparé à ça. »Devant l’infinité de possibilités, d’axes possibles dans le design, se posant de multiples questions sur ce qu’est être designer et sur sa légitimité à l’être au travers de certaines compétences et postures nécessaires (le coaching par exemple), Valentin trouve son salut en se « raccrochant aux branches ».Sa branche la plus massive, la plus robuste est celle de l’empathie. Cette empathie qui lui offre dans la tempête de son cerveau une clé, une question d’entrée qui lui sera essentielle et qui constituera « sa » colonne vertébrale pour l’ensemble de son activé de codesign mais aussi de développement d’applicatifs : « Quel est LE besoin de l’utilisateur ? »A partir de cette question, il lui suffit de travailler et retravailler le besoin, « enlever le gras », se poser de multiples fois la question « si je ne devais garder qu’une question, qu’une réponse ou une attente, ce serait laquelle ? »C’est ainsi qu’il parvient à atteindre la pureté et clarté ce message limpide : “ne faire qu’une chose, mais la faire bien.”Pour Valentin en effet, la créativité est « l’art d’éliminer les options ». La nouveauté se nicherait dans la réponse à un besoin précis. Cela lui demande de la ténacité car il s’agit de ne pas céder aux multiples demandes de son commanditaire et de s’y tenir coûte que coûte.Valentin a une autre règle. Sur un service, une application, une fonctionnalité, 80% des réponses apportées constituent un besoin d’utilisation réel. Les 20% restant ne sont là que pour rassurer le commanditaire, l’équipe projet, voire l’utilisateur final. La préconisation de Valentin est alors limpide : il faut virer ces 20%, les éradiquer.De l’empathie vis-à-vis du client final doit émerger un besoin unique. Le rôle du codesigner sera d’amener les personnes à y apporter une seule réponse tout en gérant les frustrations des commanditaires en amont. Être codesigner est pour cela aussi épuisant.Pour cela, l’empathie doit lui permettre d’être dans une posture d’écoute très fine du besoin du client et de l’utilisateur. Il doit limiter les objectifs secondaires, les faux objectifs.L’accompagnement du sponsor est essentiel. Le temps d’accompagnement ne doit pas être négligé. La posture de Valentin se doit d’être également la plus ouverte possible : son esprit est une page blanche, arguant qu’à chaque problème, il peut exister un nombre infini de solutions possibles.Si l’on devait résumer en une formule la bonne posture du codesigner selon Valentin, ce serait celle-ci:Détection du besoin unique du client final = posture empathique x (1/3 de méthodologie collaborative + 1/3 de coaching + 1/3 de consulting)Mais il le précise, c’est la formule qui lui convient le plus. Elle n’est peut-être pas adaptée à chacun d’entre nous. Trouver la bonne formule dépend de nous et du voyage intérieur que nous sommes nous-mêmes prêts à parcourir.Valentin qui a été élevé dans un milieu artistique nous dit ne s’être longtemps jamais perçu comme un artiste... jusqu’à récemment. Être codesigner, c’est l’art de concevoir, c’est donc être artiste. Valentin est donc un artiste. Il semble aujourd’hui apaisé, serein dans sa posture. La tempête de questions qui se posent dans son cerveau semble s’être calmée. Il semble avoir accompli son voyage intérieur et être aujourd’hui un codesigner accompli.Au regard de nos réactions, questions et, pour certains, perplexités voire frustrations suite à son intervention, notre voyage intérieur vers le métier de codesigner ne fait que débuter... !Merci à Valentin Boré pour son intervention !Restitution proposée par Sébastien Massin, participant du Diplôme Universitaire Codesign.

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