What a feeling !

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What a feeling !

2/1/2017

CodesignCurator

DipCo

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Cela se passe le mercredi 13 septembre après-midi, à l’AZAP, le lab d'innovation collaborative de FDJ (Française des Jeux), dernière journée caniculaire de 2016.Marion van Bommel, responsable innovation depuis mai dernier nous accueille. Elle veut partager avec nous l’œuvre d’une chorégraphe américaine grâce à 3 extraits vidéo. Cette chorégraphe est directrice du conservatoire du collège de Purchase. Nous découvrons ce ballet de danse classique entraîné (pour ne pas dire « bousculé ») par une musique de l’Est. Une musique qui touche les cœurs de ceux et celles que la danse émeut, leur brasse l’estomac et leur fourmille les pieds. Ces danseurs et danseuses nous proposent un spectacle presque humoristique en parodiant pour finir, le porté de danse classique.

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Nous apprenons à la fin de cette séquence que la chorégraphe n’est autre que la sœur de Marion, Nelly van Bommel. Nous nous connectons donc avec Nelly en direct des États-Unis. Émue par la situation pourtant préparée, Marion interviewe sa sœur sur la manière dont elle trouve son inspiration, travaille avec les danseurs et quelle relation elle instaure avec eux. Nous comprenons alors, dans les réponses de Nelly, qu’elle co-construit énormément ces spectacles avec les danseurs et que cela se concrétise même jusqu’au partage du cachet. Toutefois, si le délai de création est contraint comme pour ce spectacle, elle définit les contours de la co-construction en choisissant notamment la musique. Sur cette découverte, nous laissons Nelly à son petit déjeuner en la remerciant et ré-atterrissons à Boulogne-Billancourt au lab de la Française des jeux.1 / Ce « pas de 2 » sœurs pour célébrer l’émotionA l’instar du « pas de 2 », cet échange entre deux sœurs et le sentiment du groupe face à ce spectacle de danse ont permis d’évoquer l’émotion dans un processus créatif.

  • Cette émotion qui vous cueille au démarrage ou pendant une session que vous avez pourtant travaillée depuis des semaines, mais vous ne savez pourquoi ce jour-là, ça vous déborde. Cette émotion positive ou négative, il est nécessaire de pouvoir la « réguler ». Aussi, cela demande peut-être que le facilitateur d’une session puisse, après coup, être supervisé ou en tout cas aller chercher le feed-back auprès de pairs (et peut être des participants) pour mieux « faire avec » ce qui le déborde. Positive, il semble intéressant de la mobiliser pour le groupe de participants. Négative, il semble important d’en détecter l’origine pour mettre en place des « parades ». Un travail continu sur la connaissance de soi semble donc important à investir. Marion nous conseille effectivement de rester soi-même et de mobiliser des repères qui nous parlent pour rester vrai.
  • Cette émotion dont vous avez besoin pour stimuler un groupe. En effet, les études sur le rôle du cerveau droit démontrent qu’il héberge nos facultés créatrices et qu’elles sont stimulées par nos émotions. Sans faire de cours de neurosciences, le facilitateur doit savoir savamment doser son design de session pour que les étapes du process stimulent émotions et créativité en faveur de l’innovation. Pour cela, la professionnalisation du facilitateur devra intégrer ces données et connaissances sur les impacts de l’émotion dans le processus créatif et sur la capacité créative des individus.

2 / Un design de session au « pas de 2 »

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Bercés par cette émotion, nous avons été drivés, en cet après-midi de septembre, par l’équipe pédagogique au rythme du « pas de 2 ». En effet, en guise d’adage [2] tels des danseurs aguerris, nous voilà rassemblés devant un modèle visuel fait de clusters imposés. La consigne est de remplir ce modèle collectivement en guise de restitution de ce que nous venions de voir. Mais où était le chorégraphe ? Nous n’avons malheureusement pas réussi collectivement à le nommer. Mais en fallait-il vraiment un ? Ne nous fallait-il pas plutôt définir l’objectif de cette œuvre ?Sur les suggestions discrètes de notre facilitateur, nous débutons la répétition des variations [3] du « pas de 2 ». Au nombre de quatre, des sous-groupes s’organisent pour préparer des démonstrations autour des thèmes de l’émotion, de l’énergie d’une équipe, de la relation fraternelle des sœurs et du modèle de la danse contemporaine comme process créatif. Les répétitions se déroulent bien, des éléments de contenu émergent grâce à des groupes plus resserrés. Mais quid de la restitution collective ? Deuxième temps de répétitions avant le temps de la restitution … les contenus se précisent.Surprise ! La restitution doit s’organiser sans concertation dans dix minutes. Une équipe d’intégration improvisée tente de faire le lien entre les sous-groupes et de coordonner la restitution. Le coda [4] s’exécute avec bravoure, grâce à cette équipe qui chorégraphie la restitution autour d’une ronde qui s’agrandit au fur et à mesure des variations de chaque groupe. Et nous voilà remplis de « je ne sais quoi », d’émotions peut être, autour de cette œuvre collective humaine !3 / Et si le co-designer était un chorégraphe de session ?Au-delà de la similitude du process de la session avec le « pas de 2 », n’a-t-on pas découvert que le métier de chorégraphe avait des similitudes avec le métier de co-designer ?

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En tant que codesigner :

  • ne sommes-nous pas garants du cadre ? Nelly nous dit qu’en fonction des situations, elle détermine ce qui est négociable et ce qui ne l’est pas. N’est-ce pas à cela que servent les "sponsors meetings" pour organiser une session ?
  • ne tentons-nous pas de co-créer avec les participants de nouvelles choses ? Nelly nous dit que la danse contemporaine, différemment à la danse classique, ne vise pas à répéter le mouvement du chorégraphe mais à créer sur l’impulsion du chorégraphe.
  • L’impulsion, justement, n’est-ce pas ce que nous faisons dans la facilitation de sessions ? L’impulsion, le cadre, le guide, c’est la mission du facilitateur tant que certains groupes auront besoin d’être accompagnés dans leur collaboration.

En tant que facilitateur :

  • Ne sommes-nous pas là pour orchestrer des contributions individuelles en vue d’un résultat collectif ? Nelly nous raconte qu’elle propose des phrases ou des improvisations (telles des inspirations) aux danseurs pour créer le spectacle et c’est l’ensemble de ces contributions additionnées qui font le ballet que nous avons visionné.
  • Ne partageons-nous pas en fin de sessions les essais à transformer ? Les livrables, les expérimentations, les debriefs : autant d’outputs que nous partageons avec les participants et la design team comme Nelly partage le cachet du spectacle avec les danseurs.

Bref, toute ressemblance n’était pas fortuite, ...4 / Pour que les pas des 22 restent dans la danse…Cette session nous a déstabilisés en tant que groupe. Toutefois, les ingrédients de maintien de l’énergie d’un groupe étaient tout de même là, donc ce « pas de 2 » à 22 nous a permis de garantir :

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  • la liberté de chacun à s’investir ou pas,
  • la confiance de chacun dans la production des autres,
  • la capacité du groupe à rebondir sur la situation inattendue,
  • l’implication de tous à produire une restitution,
  • le respect et l’écoute des choix et des avis de chacun,
  • la mobilisation du meilleur de chacun.

Nous avons collectivement appris plusieurs choses :

  • Un groupe de production est idéalement composé d'environ 7 personnes,
  • La maturité du groupe détermine le besoin d’un facilitateur ou non,
  • L’équipe d’intégration est une solution très intéressante à mettre en place pour la production parallèle de sous-groupes,
  • Il existe aussi la liste des rôles pour organiser les choses,
  • La commande n’est pas toujours négociable, et il faut parfois en fonction des contextes savoir tout de même s’y plier sous peine de perdre le marché (ex. marchés publics),
  • Le temps d’analyse de la demande est un temps à ne pas négliger,
  • Se remettre dans la peau d’un participant permet de comprendre leurs absences ou leurs incompréhensions,
  • La technique du brassage des groupes permet de contrecarrer les leaders contre-collaboratifs.
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Fort de ces apprentissages, nous avons conclu que la danse contemporaine était une source d’inspiration pour le processus de co-design. Et comme dirait Irene Cara [5] , « What a feeling !!! … Now I’m dancing for my life!”Merci à Marion Van Bommel et sa sœur Nelly pour leur intervention !Restitution proposée par Sandrine BARRET, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

Licence Creative Commons

Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.[1] Le « pas de 2 » : expression qui fait référence au nombre d’interprètes, hommes ou femmes, exécutant ensemble un ballet/chorégraphie plutôt romantique structuré en 3 temps : l’adage, les variations, la coda.[2] L’adage, première phase du « pas de 2 », suite de mouvements amples d’ensemble des danseurs sur un rythme lent[3] Les variations, deuxième phase du « pas de 2 », démonstrations techniques successives de chaque danseur[4] Le coda, troisième et dernière phase du « pas de 2 », morceau de bravoure réunissant les danseurs sur un rythme rapide.[5] Interprète de Fame et Flashdance