9 années d’expé collaborative chez Airbus

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9 années d’expé collaborative chez Airbus

20/5/2017

CodesignCurator

DipCo

EngagementC’est mon premier jour et je m’aperçois qu’ici, on commence à apprendre à nager en sautant dans le grand bain sans bouée. Grâce à Patrice qui assure le pitch, j’intègre que le « disco » a plus à voir avec une bonne adresse (le 10co est l'espace de Codesign-it! dans le 9ème arrondissement de Paris) qu’avec « Stayin’ alive ». Et que le nombre d’or local est 7 (+ ou - 2). Bienvenue dans la tribu ! Le DU accueille ce matin matin Antoine Scotto d'Appolinia et Eric Piat, venus partager l’expérience d’un lab d'innovation démarrée chez Airbus depuis 2008. Deux voix bien accordées : Antoine Airbus insider et Eric consultant supporter.StimulationAu fil de la présentation, on comprendra que ce tandem a expérimenté successivement trois formes de codesign visant autant à accélérer qu’à sécuriser le développement de projets critiques et hautement techniques.2008 : a lab is born (Accelerated Zone)Un lab qui organise des sessions de regroupements d’experts sur des sujets concrets liés à l’A350, utilisant un dispositif fondé sur les travaux de M&G Taylor. Le gain sur le projet global de 4 ans est estimé à un an. -> principe central : l’intelligence collective produit un alignement, une convergence des points de vue qui s’avère fructueuse dans la mise en œuvre ultérieure à la conception (l’expert ne peut ici imposer sa vue en solitaire),-> conditions de réussite : simplification de la méthode, focalisation sur les points durs qui demandent de la coopération, préparation exigeante, sécurisation par des jalons stricts, -> à noter : l’AZ (50 sessions par an) s’insère dans un éventail plus large, avec des dispositifs « supported meetings » et « do it yourself »2011-2012 : hack the AZTout d’abord avec une AZ 2.0 : afin de réduire le coût de la "customisation" de l’A380, deux équipes vont travailler simultanément et en communication permanente à Hambourg et Toulouse.-> principe central : un chemin critique de projet « blue sky key events » non défini par les tâches (type Pert ou Gantt) mais par les décisions clés communes,-> conditions de réussite : un matériel high-tech de communication et la permutation fréquente du centre de gravité entre les 2 sites.Ensuite, afin de résoudre un "merdier sphérique" (c'est-à-dire en 3D et 360°), un rassemblement permanent à Hambourg sur trois mois continus, pour sortir de la durée courte.-> principe central : injecter un « mode plateau » qui associe les pratiques agiles des start-ups (organisation du temps à la journée avec brief / debrief) autant que le bon vieux kanban des années 80 (management visuel avec affichage des résultats des gains),-> conditions de réussite : environnement flexible, connexions à assurer avec le reste de l’organisation, alternance des temps collaboratifs et des temps solitaires sur le plateau, méthode séquencée [scan – investigation – évaluation – detailed definition] ,-> à noter : c’est fatiguant cette accélération de l'innovation !2014 : un lab qui se réinvente en continuOn parle désormais de smart collaboration, un dispositif de plusieurs services afin de faciliter le travail collaboratif, non restreint à l’AZ.-> principe central : maximiser la rentabilité du temps investi,-> conditions de réussite : l'espace du lab d'innovation est un lieu d’accueil de workshops multimodaux, la simplification des structures de projets est essentielle, une masse critique d' expertises est nécessaire.[caption id="attachment_803" align="alignleft" width="311"]

Facilitation graphique par Fredéric de Bailleul[/caption]Question 1 : pourquoi tant de réticences à l’implantation de méthodes collaboratives ? … retenons que par essence et par fonction, le collaboratif est orthogonal aux organisations françaises (bureaucratiques et hiérarchisées) dans lesquelles il est difficile d’appliquer le postulat formulé par Eric Piat « que le chef reconnaisse le génie du groupe » (les pionniers ne sont pas les sponsors) ; la solution venant alors du « mode pull » qui prend appui sur la demande, le besoin, l’usage ... voire l’urgence.Question 2 : comment ré-insourcer (internaliser) des expertises collaboratives ? … jouons sur un nouveau curseur pour doser entre insourcing et outsourcing, avec la recommandation d’hybrider les dispositifs car « ça dépend des cas » et il faut éviter deux écueils : l’entre-soi et la perte d’énergie dans la durée.Question 3 : le collaboratif est-il une mode ou une solution pérenne ? … où je retiendrai que c’est une mode jusqu’à ce que le monde rechange de paradigme … ce qui peut paraître une pérennité à l’échelle d’une vie humaine (cf « la terre est plate » est une vérité qui a duré le temps qu’on la remette en cause). Plus concrètement, notre paradigme nous pose des problèmes qu’on ne peut résoudre qu’ensemble … ce qui ne nous est pas naturel (compte tenu du paradigme antérieur), d’où la « mode » des dispositifs visant à créer un écosystème qui l’accueille et le permette.Réflexivité … personnelleToutes les lumières de cette séquence réfléchissent violemment sur le miroir de mes pratiques … la barre est haute ! Pendant cette session, Nadège a scribé (capturé graphiquement) sur un panneau l’ensemble des échanges, Greg note à la volée les concepts du DU à maîtriser, Dominique photo-capte les travaux des groupes, Philippe me donne deux tuyaux pour m’aider dans cette publication, la générosité des intervenants invite à un échange sans fin, tout est fluide, l’énergie circule. Je suis au bon endroit puisque la question finale sur laquelle nous clôturons la session est : comment se réinventer tout le temps ?Publication :Restitution proposée par Véronique Mata. Merci à François Rochet pour son embarquement, Frédéric Debailleul pour sa Facilitation Graphique (en illustration), et à Philippe Charpy pour ses bons conseils, tous participants du Diplôme Universitaire Codesign. Merci aussi à Nadège Lossouarn, membre de Codesign-it! pour sa facilitation !

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