La tête dans les nuages & les pieds sur terre…

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La tête dans les nuages & les pieds sur terre…

20/5/2017

CodesignCurator

DipCo

De l’art délicat d’avoir la tête dans les nuages & les pieds sur terre...C’est dans le Lab de Pôle Emploi que Gauthier Helloco nous invite à prendre du recul sur notre pratique, en vue de l’améliorer. Que l’on fasse de la facilitation, du conseil, du coaching ou même un tiramisu, comment analyser sa pratique pour progresser ? Et si on s’appliquait à soi-même les principes du design thinking ? N’est-ce pas par une approche itérative que l’on est le plus à même de progresser ?S’il est évident que le progrès passe par la pratique, une réflexion sur notre pratique est tout aussi indispensable. Sébastien Rocq nous rappelle le modèle des points de vue (Vantage Points Model) de MG Taylor : tout ce qui est vécu peut-être appréhendé avec différents prismes :

  • celui de la philosophie (valeurs)
  • celui de la culture (identité)
  • celui de la politique (règles)
  • celui de la stratégie (objectifs)
  • celui de la tactique (pratiques)
  • celui la logistique (moyens)
  • celui des tâches (activités)

Avoir conscience de ces différents prismes permet notamment :

  • de prendre conscience de nos prismes de prédilection et de ceux que l’on a tendance à négliger,
  • de nous inviter à parcourir les différents points de vue pour nous questionner à plusieurs niveaux,
  • d’avoir un langage commun pour des échanges plus constructifs avec les autres (si je parle du point de vue philosophique d’un sujet avec une personne qui l’aborde du point de vue pratique, sans que nous en soyons conscients, notre échange risque d’être stérile…).

En effet, l’angle par lequel on aborde un sujet influence notre réflexion. Aucun point de vue ne doit être négligé : pour concevoir le Lab Pôle Emploi par exemple, il a fallu être attentif à chacun de ces points de vue pour maximiser les chances d’embarquer tout le monde, du directeur de Pôle Emploi aux facilitateurs du Lab en passant par les différentes Directions.C’est d’ailleurs dans l’impératif d’être attentif à chacun de ces niveaux que réside la complexité de la facilitation : le facilitateur doit jongler en permanence avec la philosophie de la démarche, les objectifs du sponsor, les enjeux de la session, la culture des participants et les aspects pratiques… Si par exemple il néglige un aspect en apparence aussi anodin que le café ou les feutres, cela aura un impact énorme sur la session. Il faut donc toujours rester agile, pour passer en permanence d’un niveau à l’autre et aborder un projet quel qu’il soit dans toutes ses dimensions. La facilitation, c’est l’art délicat d’avoir la tête dans les nuages et les pieds sur terre !D’un point de vue conceptuel, nous voilà maintenant armés !Mais concrètement, comment je fais pour améliorer ma pratique ? Cela repose sur 3 éléments :1/ Avoir (vraiment) envie de progresser. Cela parait évident, mais il est fondamental de se questionner sur ses motivations profondes. Est-ce que cette pratique me tient à cœur ? Est-ce que je veux encore m’améliorer dans cette discipline ? Si je ne suis pas animé(e) par une forte motivation intrinsèque, il est peu probable que, tout bon élève que je sois, je m’investisse dans la durée dans cette démarche d’amélioration.2/ Prendre le temps d’analyser sa pratique. Est-ce que cela demande de l’autodiscipline ? Assurément ! A l’issue d’une session ou de manière régulière dans le cadre d’une pratique dans la durée, il faut prendre systématiquement un moment pour prendre du recul, et identifier ce qui a bien fonctionné et ce qui pourrait être amélioré. Cela permet de rester dans une dynamique de tests et d’amélioration continue.3/ Échanger avec les autres. Pourquoi ? Parce qu’il est vraiment difficile d’analyser sa propre pratique de manière objective… selon son niveau de confiance en soi, on aura tendance à l’autosatisfaction ou à l’autoflagellation. On a besoin des autres pour voir ce qu’on n’avait pas vu et trouver des pistes d’amélioration. Qu’il soit positif ou négatif, «feedback is a gift » (à condition, bien entendu qu’il soit donné avec un minimum d’objectivité, d'authenticité et de bienveillance). Échanger avec ses pairs permet de se situer et de partager les expériences : cela nous permet de progresser plus vite. Voilà pourquoi il est important de trouver des personnes avec qui échanger, dans un esprit de co-développement.[caption id="attachment_798" align="alignright" width="389"]

Le Lab Pôle Emploi[/caption]C’est grâce à ces 3 éléments que la magie opère : parce que j’ai vraiment envie de progresser, je prends le temps d’analyser ma pratique. Et grâce à la qualité des mes échanges avec les autres, j’identifie des pistes pour mieux faire. Cela me permet d’améliorer ma pratique, mais aussi de prendre conscience de ce que m’apportent ce temps de prise de recul et ces feedbacks. De cette manière, l’analyse de la pratique n’apparait plus comme un moment pénible mais devient une expérience positive. Cela me motive à persévérer aussi bien dans ma pratique que dans ma démarche d’amélioration de ma pratique !En appliquant à soi-même les principes du design thinking sur des pratiques concrètes, on appréhende la théorie de Deci & Ryan qui considèrent que les 3 éléments de la réalisation de soi sont :

  • l’autodétermination / l’autonomie : le fait d’être à l’origine de son propre comportement (en agissant par intérêt pour l’activité ou par adhésion à ses valeurs) amène l’individu à voir son comportement comme une expression de soi,
  • le développement des compétences : le plaisir qu’éprouve l’individu lorsqu’il interagit efficacement avec son environnement et lorsqu’il a l’occasion d’utiliser ses capacités,
  • l’affiliation : l’individu a besoin de se sentir connecté aux autres, d’être attentif à autrui et d’avoir un sentiment d’appartenance et d’unité.

Mais à force de faire des aller-retours entre les questions que soulèvent l’analyse de la pratique et les éclairages des théoriciens (sans oublier de faire l’apologie de l’apérologie) nous n’avons pas été vigilants sur la gestion du temps et - une fois n’est pas coutume- nous n’avons pas pu aller plus loin que la problématisation. Heureusement qu’à travers les questions soulevées et les digressions de nos discussions nous avons identifié quelques pistes de solutions… Est-ce parce que les cordonniers sont les plus mal chaussés ou parce que nous nous sommes endormis sur nos lauriers ? Quelque soit la réponse, le constat nous invite à prendre du recul afin de trouver des pistes d’amélioration pour mieux gérer le temps…Restitution proposée par Aliénor de Monredon, participante du Diplôme Universitaire Codesign.

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