Regards croisés entre innovation pédagogique et codesign

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Regards croisés entre innovation pédagogique et codesign

22/5/2017

CodesignCurator

DipCo

C’est l’effervescence ce matin au 10co (l'espace collaboratif du collectif Codesign-it!) : ce n’est pas un, mais deux Diplômes Universitaires qui sont accueillis pour une journée de pédagogie inversée sur la thématique des innovations pédagogiques !Augustin Luneau, co-fondateur de Codesign-it! qui facilite la session de la matinée, rappelle les différentes proximités qui unissent le DU Codesign et le DU Acteurs de la Transition Éducative ; proximité d’intention notamment autour de la volonté d’expérimenter de nouveaux modes d’enseignement.Nous sommes enthousiastes à l’idée de cette rencontre. Fred, qui accueille l’intervenant du jour, David Istance, déclare justement en introduction, qu’apprendre, c’est sortir de sa zone de confort. Ce que les sessions de problématisation et de tentative de solution du jour ne cesseront de nous rappeler… Fred pointe également du doigt l’importance de la réflexivité individuelle et du feedback des autres –qu’ils soient pairs ou enseignants- pour progresser collectivement.David nous présente les travaux de recherche qu’il mène au Centre pour la Recherche et l’Innovation dans l’Enseignement (CERI) de l’OCDE, et notamment le projet en cours d’achèvement Environnements pédagogiques innovants (ILE), qui traduit depuis 10 ans le recentrage de l’OCDE sur la question de l’apprentissage, après avoir précédemment exploré le seul contexte scolaire.

S’ensuit une série de travaux collectifs et de restitutions pour d’une part, faire émerger des problématiques sur la base des inputs apportés par David, puis dans un second temps, après avoir rebattu les cartes de la composition des groupes, apporter des tentatives de solutions aux problèmes soulevés. A propos de ces derniers, Greg nous fera remarquer dans l’après-midi que nous avons listé le matin des questionnements, et non pas des problématiques. Il nous invite à l’avenir à abandonner la forme interrogative pour nous focaliser sur l’élaboration d’un "statement" (assertion) qui décrive une situation, un état problématique, élargissant ainsi le champ des possibles dans sa résolution, là où la question est déjà trop enfermante.Les groupes de travail sont mixtes et rassemblent des participants des deux DU ; l’objectif est bien sûr, à travers une diversité maximale, de favoriser l’émergence d’idées nouvelles.L’exercice n’est pas simple pour autant : pour Carole, dont c’est pourtant seulement le 3ème jour de session au sein du DU Codesign, il permet de lui faire réaliser que le cycle de pédagogie inversée est d’ores et déjà devenu une évidence, à ce titre plus tellement questionné, ce qui en soit le rend bien trop normatif. Prise de conscience salutaire pour redonner à la réflexivité toute sa place et prendre à nouveau du recul… Sheela, de son côté, qui avait déjà assisté à un autre atelier chez Codesign-it! sur le prototypage (qu’elle a d’ailleurs trouvé particulièrement efficace sur les problématiques traitées), salue également l’exercice d’intelligence collective mis en œuvre aujourd’hui. Néanmoins elle se pose des questions sur l’efficacité d’un tel exercice sur un sujet aussi complexe que « l’innovation dans l’éducation». Le processus a plutôt eu tendance à simplifier les problématiques posées, à favoriser la parole de ceux qui « savent » et à aboutir à des solutions « rapides et simplistes » sur des idées très complexes.

Nous partageons toutes deux nos interrogations sur les effets durables et réels de la démarche : permet-elle vraiment d’arriver à des solutions concrètes, efficaces et transposables dans le réel sur des sujets aussi complexes que la transformation du système éducatif ?Ces interrogations font écho à celles de plusieurs autres participants ; la session se termine en effet sur un temps de réflexivité bénéfique, au cours duquel Augustin invite chacun de nous à partager avec le groupe un élément clé qu’il retient de la matinée.Si certains retiendront prioritairement les apports en contenu, comme par exemple le cadre d’analyse ou framework présenté par David pour caractériser les environnements pédagogiques innovants, beaucoup d’entre nous se questionnent sur la méthode :

  • La force du biomimétisme et de la métaphore organique ou biologique pour décrire la complexité d’un écosystème en transformation permanente est relevée, là où les analogies mécanistes de type système semblent moins riches d’opportunités
  • La question de la juste place de l’expertise dans le processus collaboratif se pose : nécessaire pour aller au fond des choses et garantir la pertinence des solutions proposées, elle ne doit pas contraindre l’émergence d’idées en phase de créativité.
  • Cette préoccupation nous semble faire écho à celle de plusieurs autres participants sur le passage du « pourquoi » au « comment » : au-delà de l’intention, des objectifs affichés, comment faire émerger des solutions concrètes de mise en œuvre, réalistes et adaptées au contexte réel des participants ?

La veille, un petit groupe de participants du DU Codesign échangeait déjà sur la difficulté parfois, en phase Tentative, de produire collectivement des solutions. Un intervenant d’une session précédente avait expliqué qu’une solution pouvait être de contextualiser très fortement : il s’agirait alors de sortir des concepts pour proposer des exemples concrets.En bref, des préoccupations du groupe qui rejoignent les nôtres, et que, même si nous n’avons pas encore aujourd’hui une pratique suffisante du codesign pour pouvoir y répondre, nous avons hâte de confronter à la suite de nos parcours respectifs.Merci à David pour son intervention !Restitution proposée par Sheela Pimpare, participante du Diplôme Universitaire "Acteurs de la Transition Éducative", et Carole Sarkis, Participante du DU Codesign participante du Diplôme Universitaire Codesign.Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

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