Le biomimétisme

Publication

Le biomimétisme

21/10/2017

CodesignCurator

DipCo

La présentation de la biologiste Céline TCHAO, travaillant sur l’intelligence artificielle Watson pour IBM, avait pour objectif de nous sensibiliser à la bio-inspiration, en particulier en matière d’innovation.Le début de cet article est structuré selon le modèle "Scan-Focus-Act" de la méthodologie collaborative MGTaylor.SCAN : [caption id="attachment_946" align="alignleft" width="417"]

Le Bower bird est-il un artiste ?[/caption]Céline a choisi comme mode de présentation une succession d’exemples de comportements de la nature qui nous ont amenés à prendre conscience de son fonctionnement.Depuis la lutte en escalier de l’héliconius et de la passiflore jusqu’aux bactéries contenues dans les intestins, en passant par les nautiles et le bowerbird, ces exemples illustrent la fonction d’innovation dans la nature, qui doit être durable et répondre à un besoin.L’adaptation est son principal moteur pour une finalité de conservation. L’évolution passe par une étape d’apprentissage et s’appuie sur la collaboration. Née de l’adaptation et de la nécessité de conservation, elle accroit la biodiversité. Elle est d’ailleurs inscrite de manière biologique dans notre espèce – il a été récemment démontré qu’une partie de notre cerveau serait responsable de notre besoin de créer du lien social, d’aider et de collaborer – mais apparemment, ces comportements existent chez d’autres espèces.La nature produit des erreurs. Elle en a le temps. Elle tâtonne jusqu’à trouver la solution viable et durable. Tout est prototype dans la nature...Céline finit sa présentation par deux exemples de bio-inspiration :

  • Au niveau fonctionnel: reproduction de la structure osseuse, poreuse mais pourtant résistante, dans le design et l’assistance computationnels, qui pourraient être l’avenir des produits (Andrasek, 2001)
  • Au niveau systémique : transposer un écosystème à l’échelle locale en optimisant la gestion des ressources à l’image des Yanomami (Wiithaa & Keller)

FOCUS:

Facilitation : Une aide a été donnée pour nous aider dans la problématisation : des cartes d’animaux et de végétaux avec un court texte précisant leur spécificité (cartes open source de Wiithaa). Nous avons d’abord dû les choisir individuellement, sans consigne sur le nombre ni sur l’objectif. Puis, les groupes formés, nous avons partagé et raconté nos images selon nos écosystèmes.Il y avait un décalage évident entre le niveau des images et celui de la problématique. Pourtant, il me semble que cela nous a aidés à problématiser, peut-être justement par le fait même de cette distance. La dérivation, une piste à creuser en cas de blocage d’un groupe ?Nous avons établi les problématiques suivantes :

  • Le chemin vers un objectif donné pour le groupe (en fonction des contraintes, des objectifs et en interaction) n'est pas souvent optimal
  • Les villes ne sont pas toujours conçues en respectant les spécificités humaines
  • Notre structure interne et l’écosystème externe interagissent difficilement

ACT :Ci-dessous, les captures des travaux des groupes, proposant des solutions aux 3 problématiques :

PARTAGE :Les discussions ont permis de développer certains concepts comme le Vantage Points Model, inhérent à l’image de la coupe du tronc d’arbre, avec ses 7 niveaux de spécificité, depuis la pratique des tâches à accomplir jusqu’à l’inscription dans la philosophie, globale par essence (cf. panneau 3).Le modèle part du principe que le point d’entrée pour appréhender les différents niveaux d’abstraction – de la stratégie à la philosophie - est la simple tâche - à ce que j’ai pu comprendre en lisant les articles. Il a été développé par Matt et Gail Taylor, qui semblent avoir été pionniers dans le domaine de la facilitation et du co-design (mais pas du tout en communication web !) et s’inscrivent dans les théories de l’information et de la communication, et à ce qui me semble, dans la mouvance de la philosophie analytique, sur la logique et le langage.Marion Van Bommel, de l'équipe pédagogique du D.U Codesign, nous a aussi vivement encouragés à regarder le site de Doing it Together Science – DITOs pour les intimes – initiative pour valoriser les projets scientifiques citoyens collaboratifs en Europe. Interrogation personnelle :

Le design a une place incontestable dans le biomimétisme, comme en témoignent les références de Céline, car il s’attache à la fonctionnalité de l’objet. Mais l’art, l’inutile ont-ils leur place ? Ou, contrairement à ce qu’on a cru pendant des siècles, est-il possible de faire du beau à l’image de la nature ?La notion de beau est un jugement, une interprétation humaine. Et dans la nature, la beauté a un but exclusivement fonctionnel – généralement attirer une compagne ou une proie.Comme le disait Kant dans sa Critique de la faculté de juger : « l’objet beau ne sert pas ; il est incapable de remédier à quelqu’une de mes privations déterminées. L’objet utile, au contraire, se met à profit ; je n’ignore pas sa destination, si j’en suis maître. ». Je ne crois pas que, dans la nature, il existe quoi que ce soit qui ne réponde à aucun besoin. Si quelqu’un en connait, je suis preneuse.Références :ANDRASEK, Alisa : Biothing, Collection FRAC Centre, 2001. La designer a créé le laboratoire pluridisciplinaire Biothing en 2001, basé sur le potentiel des systèmes computationnels. Son objectif est de transposer la main de l'artiste dans la création dans un algorithme qui génère des intentions dynamiques en perpétuelle évolution et qui viennent s'adapter en fonction de l’environnement, comme le fait la nature. La forme n'est plus figée dans une intention statique, mais évolutive.DESCOLA, Philippe : Par-delà nature et culture, Paris, NRF Gallimard, 2005. L’anthropologue revient sur l’opposition nature / culture afin de sortir de la pensée ethnocentrique dominante et propose une typologie des « modes d’identification et de relation » avec des critères qui intègre humains et non-humains.HALLE, Francis : Eloge de la plante : pour une nouvelle biologie, Paris, Points, 2009. (Histoire l’héliconius et de la passiflore)LATOUR, Bruno : Nous n’avons jamais été modernes, Paris, La découverte, 1991. Le sociologue remet en question l’idée de progrès et de modernité, qui ne tient pas compte de la complexité et de l’évolution de la société.OBADIA, Claude : « Le beau et l’utile, un couple impossible? », in Espace-prépas N° 123, 2009. Belle synthèse de ce classique de l’esthétiqueCirculardesignguide.com : bureau de design circulaireChristophe Keller – anarchéologie – montage vidéo sur la tracehttps://paleo-energetique.org/: histoire collaborative des énergies3 laboratoires de recherches ouverts et citoyens : La paillasse (Paris, incubateur), Le Biome (Rennes) et La Myne (Lyon)FAB.CITY : modèle urbain autonome de production locale dans un monde connecté.Asknature.org: conférence TED de Janine Benyus sur les productions biomimétiqueswiithaa.com : agence de design dédiée à l’économie circulaire. Conception zéro déchetPublication proposée par Claire Leroux, participante du Diplôme Universitaire Codesign..Cette œuvre de Codesign-it! est mise à disposition selon les termes de la licence Creative Commons Attribution – Partage dans les Mêmes Conditions 4.0 International.

Licence Creative Commons