Faut-il un numerus clausus ?

Publication

Faut-il un numerus clausus ?

15/3/2019

Fanny

Expérimentation

« Devrions-nous être 50 membres ? Plus ? Moins ? Combien ? Pourquoi ? » c’est le débat lancé dans le collectif Codesign-it début janvier 2019.

La semaine dernière, les membres du collectif ont voté. Le scénario qui l’emporte est le suivant : « Décider chaque année d’une mise à jour du numerus clausus, +5 -5 ou flat. Et pour 2019, numerus clausus maintenu à 50 (flat) ».

Pourquoi cette question du nombre chez Codesign-it ? Et comment les membres sont-ils arrivés à cette décision ?

« A la fondation du collectif, l’une des intentions était de « S’avoir sous la main », de pouvoir se retrouver ailleurs que sur les projets des uns et des autres ou dans les cafés.
Par ailleurs, nous voulions être un collectif accueillant, hybrider nos profils et nos savoir-faire au gré des rencontres. On s’était fixé une limite à cinquante membres. A l’époque c’était intuitif ou théorique, et peu à peu le collectif a grandi et la question du numerus clausus est devenue plus tangible. »

Nico Wauquiez – Membre fondateur de Codesign-it

En effet le collectif a grandi assez vite. Ils étaient huit membres fondateurs, et aujourd’hui le collectif compte (au 18 février 2019) 46 membres, 32 partenaires et 2 résidents.

  • Les membres (en vert) portent ensemble les projets labellisés par le collectif, ils s’impliquent dans la mise en œuvre d’une gouvernance distribuée et dans la transmission en mode creative commons (CC BY SA).
  • Les partenaires (en orange) contribuent à la conduite des projets labellisés, sans pour autant s’engager dans la vie interne (vie collective, gouvernance et transmission).
  • Les résidents (en jaune) sont invités pour une période de six mois maximum qui doit permettre de faire connaissance, d’expérimenter la vie du collectif et de voir si ça fait des étincelles. A l’issue de la résidence, ils peuvent devenir membre ou partenaire.

En ce début d’année 2019, on approche les cinquante membres ; et la question du nombre traine dans les couloirs du 10CO – nom donné aux locaux du collectif.
Le débat existe et mérite d’être partagé entre tous. Chez Codesign-it la gouvernance est distribuée, et s’inspire de la sociocratie. Voilà comment ça se passe :

  • Une discussion est lancée sur une plateforme numérique de décision collaborative (Loomio)
  • Chacun peut donner son point de vue sur la problématique
  • Lorsqu’on estime que l’instruction a été suffisamment riche, une proposition de décision est formulée
  • Tous peuvent se positionner, et « Qui ne dit mot consent »
  • Si la décision empêche qqn de fonctionner, alors il formule une objection, qui doit être importante et raisonnable, et peut amener à la formulation d’une nouvelle proposition.
  • Si personne ne s’oppose (pas d’objection), la proposition est validée.

La problématique du numerus clausus est la suivante et c’est celle qui est posée aux membres de Codesign-it sur LOOMIO :
« Si l’on fixe une limite au nombre de membres, selon vous,

  • Qu’est-ce qui se joue pour notre collectif ?
  • Quelles opportunités tentons-nous de faire advenir ?
  • Quels risques tentons-nous d'éviter ?

Vous avez un avis, une idée, une intuition, partagez et rebondissez ! »

Sur Loomio, les discussions vont bon train. Les membres de Codesign-it discutent avec intérêt, enthousiasme et engagement, et la réflexion progresse. Pour preuve quelques commentaires partagés sur le fil de discussion :

« Jusqu’à quand faisons-nous société ? On ne fait pas société avec tout le monde mais en groupes plus retreints qui vivent en parallèle et se croisent. Notamment dans des petits groupes de 3-4 assemblés autour d'initiatives ou de projets »

« Plus on est, plus nous réussirons à rassembler et à faire vivre notre communauté de pratiques, de veille, d'entraide et d'échange. »

« Si on grandit, quelles contraintes - défis - à relever ? Comment continuer à se professionnaliser ? Quelle différence ferons-nous entre les partenaires et membres ? »

« Peur de perdre en agilité, ne plus avoir le temps de capter ce qui se passe ailleurs... de devenir has been. »

« Fixer un pallier au nombre de membres, c’est prendre le risque du circuit fermé, de la porte verrouillée et de la consanguinité ? »

« Ne pas fixer de pallier au nombre de membres c’est prendre des risques sur : le fonctionnement sociocratique (à quoi ressemble une élection sans candidat à 100 ? un cercle à 25 ?), la cohésion du groupe (aujourd’hui chacun connaît peu ou prou chacun, et cette proximité personnelle favorise le dialogue direct et la transparence entre nous, elle nous épargne le lobbying et la politique), la dilution de la responsabilité (à 50 je suis dans une taille de groupe où je vois l’impact de mes contributions pour le collectif, où je sais qu’on compte sur moi et où, d’une certaine façon, je suis observé. A 200, je peux me dire que ce n’est pas trop grave de ne pas pouvoir participer à l’effort commun, puisque beaucoup d’autres pourront le faire)… »

[…]

Un mois après le lancement du débat, une équipe se charge de reprendre l’ensemble des échanges pour établir des scénarios et formuler la proposition ci-dessous.

« Pour construire cette proposition, nous avons relu l’intégralité des commentaires et discuté, en essayant d’une part de faire ressortir les thématiques principales, et d’autre part de positionner les arguments sur les différents scénarios qui semblaient se dessiner.

Parmi les cinq scénarios proposés c’est le scénario C qui est proposé au Vote.

  • Scénario A : vingt membres de moins (numerus clausus à 30 membres)
  • Scénario B : maintien du numerus clausus de 50 membres
  • Scénario C : décider chaque année d’une mise à jour du numerus clausus, +5 -5 ou flat
  • Scénario D : + 30 membres (numerus clausus à 80 membres)
  • Scénario E : pas de numerus clausus : il n’y a pas de limite au nombre de membres.

Et donc pour 2019 : le maintien à 50 du numerus clausus.
Un numerus clausus évolutif chaque année qui suivra les grands principes suivants :

  • Encourager l’engagement des membres dans trois niveaux :
  • Exigence professionnelle dans les comportements et les pratiques,
  • Implication dans la gouvernance et la vie du collectif,
  • Transmission des pratiques jusqu’aux communs
  • S’appuyer sur toutes les formes de partenariats et par conséquent prendre soin des partenaires
  • Maîtriser la charge de fonctionnement du collectif
  • Soigner l’accueil et l’intégration des membres du collectif
  • Renforcer ou maintenir notre positionnement sur le marché (lisibilité de l’offre et des talents, réinvention des pratiques…)
  • Avancer et cranter sur les sujets internes tout en s’assurant de l’implication du plus grand nombre. »

Ce scénario et cette décision pour 2019 ont été validés par consentement, avec 40 réponses, toutes favorables. Ce qui potentiellement pourrait poser question face aux nombreux débats et questionnements soulevés par le sujet !? Pour cette instruction, tous les avis et les réflexions de chacun ont le mérite d’avoir été partagés, consolidés et retranscrits en une proposition de décision. C’est donc la volonté d’avancer en équipe qui l’emporte finalement.

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