Ce qu'on a cherché à résoudre dans la gouvernance
Huit personnes à la fondation, puis dix, douze, quinze, dix-sept membres, avec jusqu'à soixante-cinq résidents dont certains sont plus engagés que certains membres dans la vie du collectif (acting as members).
Comment décider tous ensemble à dix-sept ? vote à majorité ? vote à l'unanimité ? comment éviter les discussions interminables d'un groupe de designers qui adorent chercher les solutions auxquelles personne n'a pensé pour voir si ça ne crée par le consensus ?
Comment faire avec ceux qui ne sont pas présents lors des prises de décisions ? ils remettent un pouvoir à quelqu'un ? faut-il attendre que tout le monde soit présent pour décider ?
Nous avons cru bon de résoudre ces questions de gouvernance avant d'accueillir d'autres membres : ce qui dysfonctionnait à dix-sept deviendrait un cauchemar pour un groupe de vingt, trente ou quarante.
Les hypothèses de l'expérimentation d'une gouvernance distribuée
Voici une tentative de formulation a posteriori des hypothèses qui soutendent cette expérimentation (à la fois dans la composition de la / des structures et dans le modèle sociocratique)
- Distribuer la gouvernance, la décentraliser, se partager les tâches, les fonctions supports classiques des organisations classiques), c’est possible ! Même pro bono...
- Si on décide ensemble, on prendra de meilleures décisions
- Conserver une zone d’autonomie / de liberté au travers des projets, tout en étant fédérés et alignés sur des éléments structurants comme l’identité (on ne parle pas de marque mais de label), des valeurs (transmission jusqu’au communs, exigence professionnelle, engagement dans une gouvernance alternative), pour être plus forts sur le marché et être cohérents aux yeux de nos clients, partenaires et coopétiteurs…. ça apporte de la valeur (aux individus, au label, aux clients/ sur le marché), voire ça inspire et contribue à « faire bouger des lignes » dans notre société. = en tenant ensemble cette posture d'ouverture, on est meilleurs (on apporte plus à nos clients, voire à la société, notre image est meilleure)
- Ce modèle de gouvernance apporte beaucoup aux membres qui le constituent (aller chercher les infos, donner/recevoir…) = ensemble de cette façon, on grandit plus vite voire mieux
- Ce modèle est attractif et fait venir chez nous les bonnes personnes : talentueuses, autonomes, ouvertes, sachant naviguer dans l'incertitude...
- Le consentement permet d’avancer et d’éviter les blocages inutiles du râleur de la machine à café (qui ne dit mot consent… donc si tu n’es pas là, tu fais confiance et tu ne bloques pas)
- le chemin d’adoption d’un mode de gouvernance distribuée est instructif. les difficultés font partie de l’apprentissage.
- Le premier actif, ce sont les personnes, pas “la marque”. Ce sont les membres qui font la force de Codesign-it. On ne va pas renoncer à un système basé sur la confiance parce que quelques membres n’ont pas la maturité pour contribuer avec pertinence aux décisions, ou bien n’arrivent pas à s’engager suffisamment. Il faut les accompagner, et si ça ne marche pas, on doit leur proposer un statut de partenaire
- La maturité dont on parle n’a rien à voir avec la séniorité. Les plus jeunes et / ou ceux qui sont arrivés le plus récemment dans le collectif savent - ou apprenent à - s’entourer, solliciter des avis autour d’eux, et naviguer dans cette complexité en se forgeant leurs propres convictions, mais savent aussi se retenir d’avoir un avis tranché lorsqu’ils n’ont pas les connaissances ou les compétences pour participer à une décision.
- Nous saurons soigner les relations interpersonnelles, qui sont déterminantes dans la réussite de la mise en place
- Tout ça suppose aussi une grande transparence dans nos opérations. Pour que nos décisions collectives soient basées sur des informations correctes, et pour éviter les malentendus et les défiances. Cette transparence n’est pas forcément radicale, on se fixe des limites.
Comment notre gouvernance s'inscrit dans le système Codesign-it
La gouvernance distribuée est liée à d'autres éléments de notre organisation : le modèle de répartition de la valeur, la structure bicéphale Association + SAS, les communs (tous nos produits et productions intellectuelles sont en Creative Commons CC BY SA), la transparence (on publie même sur ce qui dysfonctionne chez nous), la répartition de la valeur.