Pour bien stimuler le groupe, Olivier Piazza démarre son intervention par un clip vidéo « Une bonne paire de claques ».Décalage, interrogation, perplexité, quel que soit notre état de surprise, la curiosité est bien présente.Olivier nous fait un schéma pour expliquer le co-design :
Le « DESIGN », finalement est assez simple à deviner, c’est le côté artistique, le dessin qui va permettre d’innover, de créer. Le « trait d’union » représente la structure pour sécuriser la démarche. Le « CO » est un plus subtil. « CO », nous allons donc créer ensemble, d’égal à égal. Il s’agit donc d’éviter à tout prix les situations de subordination et de chercher la parité.Bien ! Et c’est quoi la parité ? selon Wikipédia, « La parité est un concept d'égalité d'état ou d'équivalence fonctionnelle »… Si je comprends bien, l’enjeu va donc être de créer les conditions pour échanger d’égal à égal en essayant de faire abstraction des contraintes liées à des éléments extérieurs.Bon voilà, le schéma est clair mais son interprétation me laisse encore quelques questions. Olivier poursuit et nous parle des principes de la SELF DETERMINATION THEORY (« SDT » selon Richard M. Ryan & Edward L. Deci) qui présente la différence entre la motivation « contrôlée » qui est régulée par des éléments extérieurs contraignants et la motivation « autonome » qui répond directement à nos propres forces motrices intérieures. Il nous fait un nouveau schéma pour imager les différents niveaux de motivation :
Le constat est que dans une entreprise, les collaborateurs évoluent le plus souvent dans un mode de motivation « contrôlé » par des éléments extérieurs. En effet, une entreprise impose des éléments contraignants tel que des procédures, la hiérarchie, l’organisation, la concurrence. La motivation des employés va dépendre de leur niveau d'acceptation de ces contraintes.Actuellement, les entreprises passent beaucoup de temps pour expliquer les contraintes en espérant qu’elles seront acceptées. Ce qui est d’une efficacité limitée lorsque l’on comprend que l'acceptation des contraintes externes génère de la motivation extrinsèque qui est aux antipodes de nos facteurs de motivations intrinsèques, là où nous réalisons les activités avec plaisir.Alors, réfléchissons : Embarquer les individus vers « l’AUTONOMIE », c’est les accompagner vers leurs propres motivations. Ok, individuellement, facile. Les travaux de William Moulton Marston et du Docteur Eduard Spranger sur les profils comportementaux nous permettent de comprendre que chaque personne a ses propres forces motrices, ses propres perceptions et ses propres préférences. De ces travaux, il ressort que les personnes sont bien plus efficaces, et certainement plus créatives, lorsque les conditions leurs permettent de répondre à leurs propres forces motrices. Je suis bien en phase avec la présentation d’Olivier et je vois bien le sujet : en entreprise, il faut créer les conditions d'une motivation intrinsèque pour plus d'autonomie et plus d’efficacité.Mais de là à l’appliquer sur un groupe d’individu, pendant un atelier et pour de la créativité, ce n’est pas gagné !J’imagine que l’enjeu va être de faire en sorte que la réflexion au niveau du collectif permette à chacun, individuellement, d’y trouver sa propre motivation et permette ainsi au collectif de bénéficier des motivations de chacun. Complémentarité entre ART et THEORIE, le codesign s'efforce d’embarquer nos clients, nos partenaires, … vers leur propre force motrice, donc vers une motivation plus intrinsèque qui va décupler la puissance de leur créativité et de leur performance.C’est dit ! Mais là, il reste encore quelques ombres accrochées au tableau !Heureusement, je ne suis pas seul et le groupe du Diplôme Universitaire Codesign (DU Codesign) est là. L’enjeu va donc être d’échanger, de se questionner et de trouver des éléments de compréhension et de solution.Les questions dans le groupe ne manquent pas : Comment reconnaitre ceux qu’il faut « bousculer » de ceux qu’il faut « écouter » ? Comment être transparent et faire abstraction de ce qui est établi ? Comment passer du « je » au « nous » ? Comment franchir cette ligne rouge et passer du « il faut que » au « j’ai envie » ?...Nous échangeons et réfléchissons sur le lâcher prise, sur l’empathie et la sympathie et sur l’atteinte de l’autonomie. Au milieu de ces échanges une question traverse la salle : sommes-nous certains de parler de nos (futurs) clients ? Ne s’agit-il pas d’abord de nous ?Une étincelle jaillit ! Mais oui, avant d’embarquer un groupe, le capitaine ne doit-il pas savoir lui-même naviguer ? N’est-ce pas à nous de faire notre chemin pour répondre à nos propres motivations et ainsi être plus disponibles et mieux embarquer les autres ?Les solutions émergent. Les notions de valeurs, de sens, de vision fusent. L’écoute, l’observation, la bienveillance et la sympathie apparaissent comme des postures évidentes. Les règles du jeu, le temps, l’ambiance deviennent des moyens de rassurer et de donner de la liberté.Le groupe du DU Codesign, participants et intervenants, identifie plusieurs domaines avec lesquels il va falloir jouer, nuancer pour être en résonance avec le groupe que l’on anime.
En fait, c’est ça le codesign !Être en phase avec ses propres motivations et jouer avec des curseurs pour passer du « je » au « nous », du test à la réalité, de la créativité à la maîtrise, mais aussi pour aller vite ou ralentir, accompagner ou laisser faire, faire corps avec le groupe ou conserver son individualité.Moi qui pensait que le codesign c’était sérieux, en fait c'est un jeu …Le terrain de jeu vient d’être posé et le jeu promet d’être passionnant !Restitution proposée par un participant du Diplôme Universitaire Codesign : Philippe CharpyModèle "Playing with the codesign approach" illustré par Guillaume Lagane