L’engagement commencerait-il par le corps ? Histoire d’un bodystorming au Square d’Arkéa !

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L’engagement commencerait-il par le corps ? Histoire d’un bodystorming au Square d’Arkéa !

23/5/2019

Fanny

Expérimentation

Penser avec son corps plutôt qu’avec son cerveau ! Le brainstorming avec le corps permet l’expérimentation avec empathie, la recherche d’idées et le prototypage. Souvent utilisé dans une posture User eXperience (en se mettant à la place du client), il est également un outil de travail collaboratif, favorisant l’engagement et la génération d’idées.

C’est l’expérience qu’en ont fait les cent participants aux Square Days du Lab d’Arkea en janvier dernier.

Le Square, c’est le lab d’innovation d’Arkea : une équipe dédiée de 6 personnes et une communauté de presque 200 bénévoles salariés de l’entreprise, qui souhaitent s’engager dans les projets d’expérimentation et d’innovation collaborative du groupe.

Le lab ayant été créé il y a trois ans, il a été décidé d’organiser un temps de rencontre pour la communauté en ce début d’année 2019 : les Square Days. Catherine Foliot, membre de Codesign-it a accompagné le Square dans le design de ce séminaire.

Une séquence des Square Days a été confiée à Bénédicte Le Falher, consultante en risque opérationnel du Crédit Mutuel Arkéa depuis un an ; dans le groupe depuis une trentaine d’années et membre bénévole de la communauté du Square depuis 6 mois. Son terrain de jeu pour les Square Days : 30-40 minutes pendant lesquelles elle a quartier libre sur le thème de l’engagement. Une occasion donc d’expérimenter !

Le public a choisi d’être présent à ces deux jours de séminaire, il est donc a priori ouvert à l’idée de l’expérimentation. Bénédicte quant à elle, est une femme qui aime oser, jouer et qui incarne avec force et enthousiasme l’idée de l’engagement aussi bien dans sa vie professionnelle que personnelle.

« L’engagement, pour moi, c’est viscéral. Je ne sais pas vivre sans m’engager. Je ne sais pas comment l’humanité peut avancer si on ne s’engage pas intellectuellement et physiquement dans ce à quoi on croit. »« Le Square c’est une bulle, un terrain de jeu, mis en place pour explorer des axes de transformation, d’innovation bancaires et financières. C’est une structure à part pour explorer des pistes ou concepts en dehors des silos classiques. Au Square on réfléchit au monde de demain. »« Dans ce parc de jeu, chacun a le droit d’y aller ou pas, d’ailleurs, tout le monde n’y va pas. Il y a différents jouets et on n’est pas obligé de tous les utiliser . On peut oser, se casser la figure et recommencer.”« On m’a proposé de jouer, alors j’ai joué et on m’a laissé faire ! J’ai voulu faire vivre l’engagement avec surprise sans ré-intellectualiser l’expérience à son issue. »

Le sujet de l’engagement est tellement vaste. Il n’est pas évident de le traiter en si peu de temps. Comment le rendre le plus concret possible en une trentaine de minutes ?

« Je voulais du concret, du réel. Et je me suis souvenue d’une publicité All that we Share. Dans ce laps de temps, je voulais secouer émotionnellement, faire bouger physiquement, qu’il y ait du lâcher prise par le mouvement. Le tout dans un climat positif, de bienveillance. J’ai voulu une expérience à la fois individuelle et collective. ».

L’engagement pendant cette séquence est donc physique et a pour objectif de faire vivre ce qu’est l’engagement dans l’action : « en faisant un pas ».

Bénédicte Le Falher a donc organisé une session de bodystorming sur l’engagement au sein du Square. Sa conviction est qu’on peut véritablement s’engager qu’à la condition de conserver toute son individualité.

En rendant visible la diversité des engagements du groupe, et en particulier au Square dans ce cas précis, on peut véritablement choisir qui on est ou qui on a envie d’être au sein du collectif

« La majorité des membres de la communauté du lab est bénévole, dans le sens où elle choisit de son propre chef de s’engager ou non dans le lab d’Arkéa en plus de son activité professionnelle quotidienne. Le Square doit donc donner envie de s’engager dans le projet commun, tout en permettant à chacun de s’assumer et de choisir qui il a envie d’être au sein de cette communauté. »

Concrètement, comment s’est déroulée cette séquence de bodystorming ?

Au sol d’un côté de la salle il y a deux carrés oranges dessinés au gaffeur sur le sol : MOI / PAS MOI.

De l’autre côté, 4 autres espaces avec les inscriptions : CARTE / TEL / SMS / MAIL.Bénédicte est le maître du jeu de la session et guide les 100 participants tout au long de l’expérience. Elle pose des questions et les participants y répondent en se déplaçant dans l’espace défini en fonction de leurs réponses.

Première question : « Nous sommes encore à la fin du mois de janvier, comment avez-vous fait vos vœux pour l’année 2019 ? Par téléphone, sms, mail, carte postale ? » Cette question simple a permis aux 100 personnes de se “ranger” dans les cases et donc d’intégrer l’espace de jeu qui allait s’ouvrir « Laissez-vous porter, faites-nous confiance. »Pour installer les règles du jeu et embarquer en seulement quelques minutes, Bénédicte décide d’un coup de théâtre : noir complet dans la salle ! C’est alors que commence vraiment l’expérience.

Prologue : « Il est très facile de catégoriser les gens… Regardez à quelle vitesse vous êtes rentrés dans une case… On pourrait même y voir une forme de docilité ? ... » (Silence dans la salle, personne ne bouge…) « Comment s’engager dans un collectif sans renier sa propre nature, ses propres convictions, sa particularité ? […] Nous avons un dénominateur commun ? […] Chacun de vous il y a 18 mois est arrivé au Square avec des idées, des ambitions, des bagages. Où en êtes-vous de vos rêves ? […] Nous pouvons rendre visible la diversité des engagements. Je vais donc vous faire des propositions et vous allez devoir choisir qui vous êtes… Vous n’avez pas à dire qui vous êtes mais à faire un choix. Les réponses possibles sont simples : moi ou pas moi. […] Ensemble ouvrons les yeux et jouons un peu. » Les lumières se rallument et la pièce commence !Tous ont joué le jeu et les 40 minutes ont été comme un booster d’énergie. Des propositions plus “personnelles” étaient destinées à appuyer le fait que chaque bénévole peut s’engager au Square sans perdre qui il est (introverti, extraverti, organisateur ou exécutant, etc.). On peut effectivement venir avec des compétences reconnues chez Arkéa ; mais on a également la possibilité de se confronter à d’autres domaines, d’apporter et de développer de nouvelles compétences pour le collectif.

  • « J’adore cuisiner sans suivre la recette. »
  • « Je suis plutôt l’organisateur des vacances. »
  • « Sur mes bulletins scolaires, il était souvent écrit : bavard, dissipé, clown. »
  • « Je chante régulièrement dans ma salle de bain ou voiture. »
  • « Je consulte mes mails / insta / tweets, tous les matins avant même de me lever. »

Ces questions plus “personnelles” ont été posées en alternance avec des propositions davantage axées sur le Square ; qui montrent l’engagement de certains dans le collectif, pour donner à ceux qui ont répondu « pas moi » l’envie de le faire à leur niveau.

  • « J’ai déjà entendu au moins une fois « Mais au Square, vous faîtes quoi finalement ? » »
  • « Je parle du Square en réunion d’équipe. »
  • « Au sein du Square, j’ai appris au moins une méthode ou acquis une nouvelle compétence. »
  • « J’ai déjà contacté de moi-même un membre du Square que je ne connaissais pas. »

A chaque question, succinctement et en fonction de ce qui se dévoile, Bénédicte rebondit, commente, creuse, repose si besoin des questions subsidiaires. Parfois elle fait répondre les participants en levant la main alors qu’ils sont déjà positionnés dans les cases, favorisant un nouveau geste, un autre mouvement. Parfois elle donne la parole pour expliquer le choix et ainsi apporter plus de sens à l’engagement

« Le bodystorming est une démarche individuelle et collective. On vit et on voit en même temps. On vit son propre engagement (où on se situe dans le Square en termes d’engagement) et on voit l'engagement du collectif. Le sujet était de rendre visible la diversité des engagements, le bodystorming a permis à tous de le visualiser, le ressentir. »

L’épilogue : une question à laquelle les participants ont répondu oralement « Alors pour vous, engagement ça rime avec quoi ? Quel écho, quelles résonances cela a-t-il en vous ? »

L’écho de l’engagement post Bodystorming - Square Days d’Arkéa – Janvier 2019 – Camille Ulrich

« Le bodystorming nous a permis de nous questionner avec le corps, de façon spontanée, moins réfléchie. Nous vivons dans un environnement (celui de l’entreprise) où les contacts physiques sont de moins en moins nombreux voire bannis, ce qui poussé à l’extrême nous éloigne les uns des autres. Le bodystorming est utilisable partout car il parle du rapport de l’individu au groupe ; et nous sommes en permanence dans cette situation. Quand on connaît le corps, quand on accepte aussi cette partie moins “cérébrale” de nous, nous devenons plus puissants, car plus complets tout simplement. »

Un grand merci à Bénédicte d’avoir fait une escale au 10CO – lieu de rassemblement parisien du collectif Codesign-it – et d’avoir partagé avec nous un moment de l’histoire du Square.

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