Trouver son style de facilitateur, rentrer dans le flow...

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Trouver son style de facilitateur, rentrer dans le flow...

2/1/2017

CodesignCurator

DipCo

C’est la rentrée. Qui dit rentrée, dit pour moi la poursuite du Diplôme Universitaire Codesign. Youpi!Première après-midi de la 4ème session, première canicule au sein du D.U., première danse, première intervention relative au style du facilitateur. Celui dont je ne saisissais pas tous les tenants et les aboutissants. Celui pour lequel une partie de moi dubitative se disait « mais c’est quoi être facilitateur de codesign » ?

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L’intervenant Brice de Margerie ouvre la session en nous faisant regarder une vidéo de danse. Moi-même danseuse à mes heures retrouvées, je suis en joie. Je me redresse sur ma chaise après un déjeuner bien trop copieux et j’ouvre mes antennes, prête à regarder et analyser avec attention la vidéo proposée.J’aperçois 4 danseurs dans des styles de danse variés, des couleurs de peau, des morphologies, des émotions différentes. Une minute plus tard, je ne regarde plus la vidéo mais je la ressens. Je suis embarquée dans l’imaginaire de chaque danseur et dans l’histoire qu’il nous donne à voir par leurs sentiments en mouvement, leur performance en représentation, leur vulnérabilité affichée . Brice nous explique que ces danseurs ont été interviewés lors d’un festival. Ils ont été invités à s’exprimer en dansant sur ce qu’est la danse pour eux.Ensuite, nous parlons de flow, de performance, d’authenticité, de l’état de bien-être provoqué par le flow. Jusque là tout va bien. Ma partie dubitative se demande toutefois dans quelle direction Brice nous emmène.Assez rapidement, Brice nous raconte son passé de compositeur et de musicien. Quand il était lassé de de travailler un morceau à cette époque, il avait une astuce efficace pour avoir envie de s’investir à nouveau dans sa création. Il modifiait une des composantes du morceau, agissant par exemple sur son rythme ou son harmonie. « Pour être créatif il faut forcer un peu les choses, pour écouter autrement », dit-il.La partie dubitative acquiesce de façon scolaire.« J’ai l’impression que son truc à lui c’est d’imaginer d’autres façon de faire, de stretcher les possibilités du facilitateur. Il est marrant ce gars ». Là c’est ma partie curieuse et « open-minded » qui parle.Justement, il nous remet entre les mains une feuille A4 sous forme de mindmap, en nous invitant d’entrée de jeu à hacker, modifier ou compléter ce document de nouvelles briques.La partie dubitative : « Impossible »!La partie curieuse « Pourquoi impossible »?La partie dubitative : « Parce que Brice a déjà tout imaginé! » En vrac, elle cite des mots comme : « Simpsons, Maître d’hôtel, briller », listés dans le mindmap.La partie curieuse, réincarnée en Greg répond : « Trust the fucking process, let it go ! ».Dans ce mindmap, Brice a choisi d'intégrer 4 grands thèmes :

  • le facilitateur, (son style d’animation, ses freins, ses moteurs, ses croyances pédagogiques, ses rôles).
  • le design (la méthodologie employée, les modes d’appréhension, l’écriture la dramaturgie),
  • le groupe (le rapport aux objectifs, la chorégraphie, les interactions).
  • l’objet (les objectifs de la session, les connaissances)

Vous ne saisissez pas tout ? C’est normal. Il faut vivre cette histoire de « briques à modifier » pour la saisir !Après une prise de connaissance individuelle du mindmap, nous constituons 4 sous-groupes au sein desquels un volontaire se propose d’animer une séquence qu’il a l’habitude de pratiquer. Un autre volontaire se positionnera en méta-observateur, avec pour rôle de décrypter les briques utilisées par le facilitateur, à travers la grille de lecture du mindmap.La partie dubitative (devenue méta-observatrice entre-temps) : « Je méta-observe comment, si je ne comprends pas les briques du mindmap » ?La partie curieuse : « Trust the fucking process and do it. Brice is watching you ».Alors je décrypte notre chère et tendre Zeineb, qui s’est prêtée au jeu d’une séquence qu’elle a déjà faite dans son job. Est-elle plutôt « conteuse », « experte », « coach »? Quelle chorégraphie adopte-t-elle? Quels canaux sont sollicités? Visuel? écrit? oral? Quelle méthodologie applique-t-elle? ça va trop vite. Je méta-observe à ma sauce. En faisant cela, je ne le sais pas mais je crée déjà des nouvelles briques par rapport au mindmap de Brice !Suite à leur animation respective, les volontaires obtiennent un petit débriefing des personnes de leur sous-groupe. Il ressemble à cela :

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Cette fois-ci, les volontaires vont réitérer leur proposition en modifiant une petite brique de l’animation, grâce à l’aide du collectif. Chaque sous-groupe se met d’accord, ensemble, sur une proposition de modification de la première proposition. Le volontaire recommence donc le jeu, inspiré par cette nouvelle brique à incarner.La cerise sur le gâteau? Florent, qui avait animé une séquence sur la façon de faire un storytelling, a restitué en plénière ce qu’il venait de faire grâce à la méthode « Martin Luther King ».Pour information, cette structure employée dans le célèbre discours « I have a dream » prononcé par l’un des plus grands défenseurs des droits civiques de l’histoire des États-Unis en 1963, consiste à opérer un va-et-vient constant entre « ce qui est ou a été » ( passé/présent) et « ce qui pourrait être » (futur) [1].Exemples :« Il n’est plus temps » -> « Le moment est maintenant venu »« Cent ans ont passé » -> « Ne nous rendons pas coupables » ou « Livrons toujours notre bataille à .. »Le résultat est bluffant ! J’ai ressenti la même chose que lors du clip de danse d’introduction. Je me suis fait embarquer dans une histoire, j’ai ressenti des émotions, j’ai compris le message, j’ai vécu quelque chose.La partie dubitative: « Ouais, un peu comme au cinéma quoi... ».La partie curieuse (devenue hystérique entre-temps) : « En fait, être facilitateur en codesign, c’est être un artiste ! c’est géniiial » !La petite voie dubitative, tout de même séduite, repart avec pleins de réflexions et d’idées en tête. Et beaucoup de mercis.Merci à Brice de Margerie pour son intervention !Merci aussi à Greg, à la création artistique, et à l’inventeur du mindmap!Restitution proposée par Anne Robinet, participant du Diplôme Universitaire Codesign.

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